Logo SWR Schulfernsehen

Stelzenlauf in Frankreich - Ein Film von Christian Romanowski

0:37
Quand, ces hautes formes étranges, en train de danser, ont-elles été aperçues dans les Landes pour la première fois, personne ne le sait vraiment et ne le saura sans doute jamais.

0:47
Il suffit aujourd'hui de voyager dans le sud-ouest de la France pour les apercevoir dans plusieurs endroits de la région. Ce sont des acrobates sur échasses.

1:04
L'atelier des échassiers, à Mont-de Marsan. La "Fédération des Groupes Folkloriques Landais" organise pour ses membres 3 ou 4 fois par an un entraînement collectif. Des échassiers, hommes et femmes, filles et garçons, venus de toute la région participent à ces stages.

1:32
La fédération compte 13 groupes d'échassiers. Une douzaine d'autres groupes existent également hors de la fédération. Plus traditionalistes, ils n'acceptent pas que les femmes dansent sur échasses dans les représentations folkloriques. Une divergence d'opinion qui ternit un peu l'image de ce sport.

1:50
Le président actuel de la fédération dirige l'entraînement. Son but est d'uniformiser les techniques et les programmes des différents groupes folkloriques. Il veut également organiser des compétitions sportives qui puissent attirer le public.

2:11
Emeline Ducasse, 10 ans, attache ses jambes de bois. Pour elle c'est un geste habituel. Elle a grandi avec les échasses.

2:20
Toutefois, le spécialiste de la course de vitesse reste son père:

2:26
Philippe Ducasse
Je m'appelle Philippe Ducasse. J'ai commencé les échasses en cachette de mes parents. J'étais très petit. A l'époque, il n'y avait pas de petits qui montaient sur échasses et je profitais que mes parents soient partis pour prendre des échasses plus grandes que celles-là, des échasses sur lesquelles on monte d'habitude, nous les grands, d'un mètre vingt, qui m'arrivaient trop grand, j'avais les courroies qui arrivaient ici, j'arrivais pas du tout à marcher. Un jour, ils sont rentrés plus tôt que prévu, ils m'ont chopé en haut, du coup ils m'ont fait un matériel un peu plus à ma hauteur.

2:55
Coralie aussi, l'aînée des filles Ducasse, va participer au départ de la course, devant les arènes de Mont-de-Marsan.

3:03
Coralie
Mais c'est vrai, mes parents m'ont empêché d'en faire étant petite parce que bon, c'est vrai que si on commence trop tôt, ça peut être assez dangereux. Non mais c'est vrai que j'ai toujours voulu en faire, j'ai toujours aimé ça et...quand je les voyais en spectacle...je voulais en faire.

3:18
Les concurrents sont partagés en cinq groupes d'âges. Voici, le départ des plus jeunes.

3:27
Emeline
J'ai eu cette coupe dans un lot parce que j'étais arrivée dernière, mais à la fin de l'année, on donne un lot parce que... on a participé à la course.

3:41
Ici règne encore la devise olympique : l'important est de participer.

3:50
Guillaume
Moi, c'est Guillaume. Moi je suis le roi pour casser les échasses. Je les casse souvent. Ce que j'aime le plus dans les échasses, c'est pas trop le folklore mais surtout la course.

3:59
Guillaume est l'un des meilleurs sprinters. Sa mère, elle, préfère garder les deux pieds sur terre.

04:05
Cathy Ducasse
Oui mais on s'habitue, on s'habitue à être plus petit. Non, mais c'est vrai que les échasses, ça nous apporte aussi beaucoup de copains et d'amis et même lorsqu'on va dans les villes étrangères on se fait des amis. C'est très agréable.

04:19
Coralie
Les échasses pour nous, c'est un moment de se retrouver, parce que, bon, c'est vrai qu'on se voit pas...on a tous nos...notre travail, nos études ou...et c'est vrai que, bon, c'est un moment de se retrouver, de retrouver les copains et...on se connaît depuis des années tous, aux échasses, donc c'est vrai que c'est un peu comme une seconde famille.

4:41
Sur la piste de la discothèque, Coralie et les autres filles du groupe, montrent qu'elles sont aussi capables de danser sans échasses et sur une musique différente.

4:49
Claudine
Je m'appelle Claudine. Je fais des échasses depuis quatre ans. Y a rien d'autre à faire, y a pas d'animations en ville, donc voilà. Et l'été ça nous fait faire des sorties.

5:19
Coralie
J'aime bien cette ville. Mais je suis toujours restée ici, moi. J'ai jamais... Je veux rester dans les Landes. Je trouve que c'est une très belle région, moi j'aime bien, j'y suis bien, j'ai tous mes amis. Oui, moi j'aime bien le caractère landais, j'aime bien le caractère gascon parce que...c'est vrai que moi aussi j'ai un caractère assez fort. Non, j'ai pas l'intention de déménager.

5:42
Mont-de-Marsan, une petite ville discrète, sans intérêt historique particulier, à 80 km des plages de sable blanc de l'Atlantique.

5:53
Située au sud de Bordeaux, et avec ses 30 000 habitants, elle doit son importance à sa base militaire. Un cinquième environ de sa population est au service de l'armée.

6:07
Philippe
C'est mon père qui a fondé le groupe. Nous, on a avec mon frère, ma soeur...bon on a été élevé au groupe, c'est-à-dire que pendant quarante bientôt, on a connu que le groupe comme activité à côté, bon quelque temps le rugby. On n'a connu que ça, nous, pratiquement. D'une année sur l'autre, c'était folklore, folklore, folklore, échasses, folklore, pas un week-end de libre, que le folklore, on savait pas vivre autrement qu'avec le folklore. Donc, de fil en aiguille, moi j'ai repris les entraînements du groupe quand j'étais tout jeune encore, j'ai suivi les traces de mon père. J'ai appris à être entraîneur au fur à mesure, en faisant les ... regardant les autres.

6:51
Avec la course d'échasses, c'est une partie du patrimoine rural landais qui est perpétué. Nos connaissances sur le passé de cette région, nous les devons à un certain monsieur, qui passait autrefois pour un original. A la fin du XIXème siècle, on pouvait voir cet homme solitaire et farfelu, arpenter la région avec son appareil photo, sans cesse à la recherche de sujets, pris dans le quotidien des gens de la campagne. Partout où Félix Arnaudin dénichait une coutume populaire amenée à disparaître, il descendait de son vélo et la fixait à jamais dans sa boîte.

7:28
Une image autrefois familière: ces bergers sur échasses, appuyés sur un long bâton. Les échasses leur offraient un double avantage: ils pouvaient surveiller de loin leur troupeau et en même temps se déplacer dans les landes marécageuses en gardant les pieds au sec.

7:49
Mais à cette époque, ces bergers que notre photographe saisissait sur sa plaque pour la postérité, faisaient déjà partie d'un minorité.

8:06
Tels des statues à trois pieds, ils surgissent de la lande rase.

8:18
Pour les élèves d'une des écoles primaires de Mont-de-Marsan, l'image de ces géants enveloppés dans leur manteau en peau de mouton, est tout simplement fascinante. Au programme de la classe: une excursion dans le passé de cette région.

8:38
Les élèves sont passionnés par le cours d'histoire-géographie, enseigné de façon vivante par leur maîtresse Michelle Dalmasso. Il stimule leur imagination.

9:15
Chacun, dans la classe, veut revêtir le manteau traditionnel du berger, en peau de mouton, et coiffer le béret basque.

9:24
Cependant, grâce aux histoires de Joseph, aujourd'hui âgé de 77 ans, ils apprennent que la vie dans les Landes était loin d'être un jeu d'enfant.

9:35
Par l'évocation de ses souvenirs d'enfance, Joseph donne une idée de la vie rude menée par les gens de la campagne dans cette région peu fertile.

9:46 Joseph
J'ai été à l'école jusqu'à 12 ans. J'ai pas passé mon certificat d'études parce que mes parents avaient besoin de moi pour travailler. Ah oui, on se levait assez de bonne heure, quand même vers...oh à la pointe du jour, l'hiver ou un peu avant parce que nous habitions à quatre kilomètres de l'école. Et on y allait à pied, à l'école. Alors, à l'école y avait pas de cantine, il fallait amener le dîner dans un sac derrière le dos plus les livres, et tout ça. Et après quand on revenait, le soir, il fallait aller soigner la volaille et ramasser de la verdure et tout ça quoi. Ma soeur, elle allait garder les vaches et moi, j'allais à la volaille, et tout ça. Et après, le soir, on faisait les devoirs. Et à l'époque, à la maison où nous habitions, nous n'avions pas d'électricité. On faisait ça avec la lampe...les devoirs avec la lampe à pétrole. J'ai pas vu de berger sur échasses. Je pense, il faudrait remonter très, très loin parce qu'ils s'en servaient de ça comme y avait pas de pins, et alors ils voyaient plus loin.

11:02
Quand Nathalie attache ses jambes de bois, c'est dans le cadre de l'école. Une fois par semaine, la classe de Michelle Dalmasso se retrouve à la salle Ducasse pour l'entraînement des échasses. A cet âge, les enfants s'habituent vite aux échasses, à leur hauteur et à leur démarche boîteuse.
Pour la maîtresse, il ne s'agit pas uniquement de respecter la tradition:

11:23
Michelle Dalmasso
Le plaisir également pour les enfants, c'est de se retrouver justement en hauteur et de pouvoir marcher au-dessus et de voir, d'avoir une autre vue des choses. Les enfants sont plus petits que les adultes et ils se sentent toujours... en bas ils voient pas toujours les choses de la même façon. Et le fait d'être sur des échasses, sur le plan pédagogique, ça apporte plus de confiance à l'enfant et ça valorise également des enfants qui sont en difficulté scolaire et qui, là, sont en réussite. Et ça leur permet de reprendre confiance en eux, pour le travail de classe et de voir qu'ils peuvent réussir quelque chose. Et inversement on voit des enfants qui sont en grande réussite scolaire et qui peuvent, eux, se retrouver en difficulté en faisant des échasses parce qu'ils manquent de confiance et parce que ils... pensent, ils ont un petit peu peur de prendre des risques.

12:12
Avec Patrice Pierre, les élèves gagnent de l'assurance.

12:15
Patrice avec Nathalie
La première chose qu'on a quand on reçoit des enfants, c'est de leur inculquer la notion d'équilibre. Bon, avant, on les traînait pendant des heures et des heures à la main comme ça, ils avaient leur équilibre et ça venait d'eux-mêmes. Alors, maintenant, on leur dit qu'ils savent marcher sur échasses. Donc, première chose, c'est l'équilibre. Donc on leur fait lever une jambe. "Tu lèves une jambe". Pendant qu'ils lèvent cette jambe, ils se mettent systématiquement en équilibre sur l'autre. "Tu reposes ta jambe. Tu refais la même chose. "Là, ils prennent notion que leur centre de gravité doit bouger. Donc ils font la correction eux-mêmes." Repose ta jambe. "Une fois qu'ils ont cet équilibre, on avance, doucement, doucement, on les fait tourner sur eux-mêmes. Et systématiquement, ils prennent le pas du patineur, déhanchement, et ils avancent. Plus on sent que l'enfant a l'équilibre, plus on augmente la vitesse. Une fois qu'on sent que l'enfant est bien sur ses échasses, on lui demande de mettre une main à la hanche... suivie de la deuxième main à la hanche. On leur fait comprendre que dans le virage, quand ils sont avec un partenaire, le partenaire peut les faire tourner. Après quelques heures, on commence à leur faire faire du surplace, tourner sur eux-mêmes, "mains aux hanches".

14:33
Même s'ils n'étaient pas conscients de toutes ces considérations psychologiques et techniques, les enfants de la campagne ont toujours aimé se déplacer sur des échasses. Autrefois, ils apprenaient à s'en servir tous seuls.

14:49
Retour dans le passé et dans cette région la plus boisée d'Europe. Au milieu du XIXème siècle, les vastes étendues de lande ont été boisées de pins. Le but était, à la fois, d'assécher ces plaines marécageuses et d'exploiter la résine de pin, alors très précieuse.

15:08
Ce vieux train à vapeur transporte aujourd'hui une nouvelle marchandise: les visiteurs de l'Ecomusée de Marquèze.

15:21
Ici, une ferme du XIXème siècle a été conservée dans sa quasi-totalité, et une partie en a été reconstruite. On y retrouve tous les bâtiments qui constituaient l'exploitation agricole de cette époque: le manoir, la maison du fermier, celle des domestiques, les étables et les granges.

15:45
Abandonnées peu à peu par les fermiers et ouvriers agricoles, la plupart de ces fermes sont tombées en ruine.

15:51
A l'Ecomusée, les élèves de Mont-de-Marsan peuvent se faire une idée de la vie et du travail des paysans d'autrefois.

16:05
On peut lire dans le guide touristique de 1887: "Les habitants de cette région sont peu nombreux et vivent dans des hameaux dispersés. Ils sont d'origine gasconne et mènent une vie de famille patriarcale, fermée à la civilisation. Les bergers ici sont de fameux échassiers".

16:28
Mais il n'y avait pas que les bergers pour apprécier les avantages des échasses, le facteur, lui aussi, pouvait de la sorte se rendre à grands pas chez les habitants des campagnes environnantes.

16:43
Et pour les lettres urgentes, il n'est pas mentionné s'il utilisait des échasses encore plus grandes.

16:52
Les pièces ainsi que l'aménagement intérieur de la ferme sont conformes à l'original, ce qui permet aux enfants de retrouver facilement les lieux et les situations déjà aperçues sur les vieilles photos.

17:04
La ferme prend vie sous leur yeux et les plonge dans l'époque où plusieurs générations vivaient encore sous un même toit.

17:18
Les grands troupeaux de moutons ont disparu et avec eux, les bergers sur échasses, lorsqu'on a planté les pins et les épicéas.

17:28
Le vieux guide touristique dit à ce propos: "La plus grande activité est celle des résiniers. L'épicéa, qui pousse bien ici, fait travailler aujourd'hui un grand nombre des habitants des Landes. Lorsque le tronc atteind un mètre de diamètre, on peut commencer le gemmage..."

17:46
Joseph
Le gemmage, c'était assez pénible. On commençait le matin... et alors oui, on marchait beaucoup, d'un pin à l'autre, on faisait que ça toute la journée. C'était des journées de dix heures et plus, ça dépendait. Et le gemmage lui, on commençait fin mars, si le temps le permettait, et ça durait jusque début octobre, par-là, le 3 ou le 4. On arrêtait. Et alors c'était pénible aussi parce que comme on se trouvait dans la fougère, tout ça et les petits chien(dent)s qui poussaient sous les pins, et alors on restait comme ça.

18:27
Sur le chemin du retour, Nathalie se représente les conditions de vies pénibles des paysans et des résiniers d'autrefois.

18:41
Changement de décor : sa vie douillette à Mont-de-Marsan.

18:45
La situation de son père comme soldat d'élite a toujours permis à la famille de vivre confortablement.

18:53
Nathalie, ainsi que son frère et sa soeur aînés, peuvent occuper leur temps libre avec les activités de leur choix, en faisant par exemple, des échasses.

19:03
Les sentiments de sa mère là-dessus son partagés:

19:09
Madame Besançon, mère de Nathalie
Oui, ça leur apporte beaucoup, au niveau équilibre, déjà, et bon c'est un plaisir parce que bon, elles y sont allées... c'est pas nous qui les avons poussées, ça c'est vraiment leur choix. Ca, ils aiment bien être au-dessus des autres, ça, ça les amuse et ils ont l'impression d'être supérieurs certainement. C'est vrai que les premières fois j'étais très impressionnée et j'avais très peur. Et d'ailleurs j'avais tellement peur que je ne restais pas devant... le temps qu'elles apprennent à faire des échasses, je ne restais pas parce que j'avais trop peur... j'avais peur de... en plus de leur communiquer ma peur. Parce que c'est... c'est pas facile quoi. Moi, j'appréhende beaucoup, cinq centimètres déjà j'aime pas, alors...

19:59
A la fin du XIXème siècle, la pratique des échasses en tant que sport est devenue à la mode. Voici, le départ d'un marathon.

20:19
A partir du moment où les échasses ont perdu leur utilité première, elles sont devenues un accessoire sportif. Des compétitions ont été organisées dans toute la région.

20:30
Au fil du temps, le style et la rapidité de déplacement des échassiers ont changé. Même si les coureurs d'échasses ne font plus aujourd'hui sensation et passent plutôt pour un danger de la circulation, Philippe Ducasse s'efforce de maintenir la tradition de la course d'endurance.

20:52
Ce n'est pas un berger qui a rendu la pratique des échasses populaire, mais un boulanger quelque peu excentrique. Sylvain Dornon a créé le folklore des échasses et s'est rendu célèbre par ses marathons.

21:06
Comme il était de très petite taille, il aimait se montrer sur des échasses particulièrement hautes. Il voulait toujours attirer l'attention, nous a confié son arrière petit-neveu, Michel Doussy:

21:17
Michel Doussy
Et puis cet homme un jour, il a eu l'idée de... d'aller à Paris. Il est parti à Paris avec ses échasses, bien sûr, parce qu'à ce moment-là, on circulait à pied. Ce goût de faire comprendre ce qu'on pouvait faire avec des échasses, l'a amené à faire un pari. Un pari, comme ça. C'était un gascon, c'était un homme de réaction, il a dit: je vais porter les voeux du président de la République, le président de la République c'était Sadi Carnot, au tsar de toutes les Russies, le tsar Alexandre III. C'était un pari fou. Il fallait traverser l'Allemagne. L'Allemagne n'était pas un pays tellement amical à ce moment-là. Ca a précédé la grande guerre de 14-18. Et il est parti. Il est parti avec ses échasses. Il a été bien accueilli à peu près partout. Il avait un révolver sur lui. A tout hasard. Mais enfin il a été à peu près bien accueilli. Il faisait des petits numéros dans les villages... traversés et il a effectivement gagné Moscou avec ses échasses. Ce qui représentait quand même cinq mille kilomètres à peu près.

22:30
Cela ne faisait en fait que 3000 km, un trajet qu'aujourd'hui plus personne n'aurait l'idée de faire cependant.

22:37
Philippe
Nous, on a perpétué cette tradition en faisant d'un côté, la danse pour le spectacle mais d'un autre côté en gardant quand même l'aspect sportif de l'échasse. Les marathons, c'est pareil. On peut plus faire d'aussi grands marathons que l'on faisait à l'époque, 400 ou 500 km. Nous on fait des marathons de 45 km, qui sont quand même plus rapides que ceux qui se faisaient à l'époque et donc avec une condition physique bien supérieure à ce qui était à l'époque. Maintenant nous on fait des courses pour le sport.

23:12
Quand on arrive à passer la puissance, comme on dit quand on part en sprint, qu'on arrive à passer la puissance, à se lâcher, à tout donner... on a un sentiment vraiment de... sublime, qu'on peut pas... ça s'approche presque de la jouissance tellement on est heureux, on arrive à quelque chose qui est vraiment phénoménal. On a passé toute la puissance, on sent nos échasses qui bougent, qui sont prêtes à lâcher, qui sont... au moindre mouvement vont s'éclater. Mais on est bien, on a souffert, parce qu'on souffre, et puis on a ce sentiment qui dure dix, quinze secondes mais... fabuleux.

24:15
Le sprint est une discipline plus récente dans la course d'échasses, et la plus dangereuse. Devant les arènes de Mont-de-Marsan, les meilleurs coureurs vont devoir effectuer 20 tours de piste.

24:27
Philippe
Un bon coureur, il faut qu'il commence tout jeune. En deux trois ans, on va apprendre à marcher, on va apprendre la technique de la course, mais avoir la vélocité, la puissance et la technique de ces gars-là, il faut entre dix et quinze ans pour pouvoir faire un excellent coureur sur échasses. Pour faire un parallèle avec un autre sport, les échasses ça peut se comparer au ski alpin, ça peut se comparer au vélo pour la puissance développée par les jambes, puisque bon il faut avoir l'équilibre. En ce qui concerne aussi les traumatismes, au niveau des articulations, ça se rapproche énormément aussi du ski alpin. Après, bon... c'est comme tous les sports d'équilibre où il faut... il faut s'aguerrir, il faut avoir envie de se faire mal, comme dans tous les sports.

25:19
Les derniers mètres avant l'arrivée. Ils sont épuisés mais heureux, nos concurrents un peu fous.

25:30
Naturellement, la famille Ducasse a encore terminé parmi les premiers. Guillaume est arrivé deuxième de sa catégorie.

25:49
Dans la ville voisine de Dax, un groupe d'échassiers se veut le garant de la tradition folklorique au sens strict. Depuis 36 ans, son dirigeant veille à ce que les filles dansent au sol, sans échasses pour ne pas ternir la grâce de leurs mouvements. L'effet créé par la différence de hauteur fait aussi tout le charme des représentations.

26:26
Les danses varient selon les groupes. Même si les chorégraphies sont pour la plupart nées au XXème siècle, elles perpétuent la tradition du berger landais sur ses échasses.

26:53
Pour Philippe Ducasse, il ne s'agit pas seulement de sauvegarder la tradition. Mais bien plus, de la faire évoluer.

26:59
Philippe
Le problème du folklore actuellement, c'est qu'il n'a pas évolué depuis une trentaine d'années. On doit aller vers quelque chose de plus moderne, de plus en attente du public. Donc j'essaie de me mettre un peu à la place des jeunes qui... que l'on essaie d'attirer vers le groupe pour leur présenter quelque chose de beaucoup plus agréable, que ce soit par les danses, que ce soit par les compétitions comme les courses ou les raids que l'on va mettre en place maintenant, qui sont ce que l'on pourrait appeler des raids d'aventures, qui sont dans l'air du temps et qui nous plaisent à nous.

27:34
Même si tout le monde ici semble vivre au rythme des échasses, il n'y a que quelques centaines de personnes sur la planète qui sont capables de maîtriser ce sport, si particulier - et qui en font leur passion.

28:08
Coralie
On fait des échasses pour s'amuser pour... nous ça nous plaît et on se sent bien comme ça, on se sent bien sur échasses. Au début on le ressent mais après, c'est une habitude, on est sur échasses comme au sol, pour nous y a plus de grande différence au bout d'un moment.


Download als RTF Dokument


» zum Seitenanfang